jeudi 22 septembre 2005

Sécurité routière : Motard, si tu meurs, t’as tort ! Vu ?

Sécurité routière

On le sait, être motard, aux yeux de certains, c’est être irresponsable, amoureux de la prise de risque, inconscient des dangers pour soi et pour autrui. Bref, c’est faire partie d’une engeance nuisible.

L’image du "blouson noir" nous colle à la peau, décidément !

Si nous ne nions pas que les agissements de certains motards n’aident pas à améliorer l’image de notre milieu, nous réfutons avec force cette présentation de nous-mêmes car, en réalité, la très grande majorité des motards a un comportement responsable et respectueux d’autrui.

D’abord parce que, outre la passion pour ce mode de déplacement, ce qui importe à la majorité des motards, ce sont les plaisirs qu’il procure : Plaisir de la découverte, plaisir d’être en prise directe avec l’environnement, plaisir des petites routes, plaisir de la conduite, etc.

Certes, les usagers de la moto changent et, probablement, leurs mentalités aussi. Voire ! Ceux qui font le constat des avantages du deux-roues motorisé (DRM), particulièrement en milieu urbain, connaissent les mêmes vicissitudes que les motards "pur-jus" et, bien souvent, finissent par se laisser charmer.

Au point que, quoi qu’on en dise, conduire une 125 cc, moto ou scoutère, ou un "gros" scoutère ou une bécane induit une communauté d’intérêts, de revendications et, disons-le, d’appartenance.

Mais si l’on reproche souvent aux nouveaux utilisateurs, leur manque de rigueur, notamment dans la conduite, parfois à juste raison, force est de constater que, adolescents mis à part (hélas), leur implication dans les accidents n’est pas aussi catastrophique qu’on veut bien le dire. La dernière étude MAIDS de l’Union Européenne les trouve même sous-représentés dans l’accidentologie, en comparaison de leur population (c’est également le cas des conducteurs de gros cubes). Mieux, ils deviennent de meilleurs conducteurs d’automobiles, plus attentif à la route et aux autres. Les statistiques de la Mutuelle des Motards ne disent pas autre chose. Et toc !

Par conséquent, le fameux débat sur vrai ou faux motard n’a pas lieu d’être. Il y a les utilisateurs de DRM, divers certes, mais tous exposés de la même façon. Point.

Le bilan 2004 de la Sécurité Routière fait du reste apparaitre ce qui, à nos yeux, est une évidence : Les motards sont moins dangereux que les automobilistes. Dans un accident entre une automobile et un DRM, le conducteur de l’automobile est responsable dans 53 % des cas, celui du DRM, dans 32 %.

Une évidence que nous crions depuis longtemps. Pourquoi ? Simplement parce que nous savons que conduire un DRM, une moto, nous expose bien davantage que les autres (cyclistes et piétons non compris, naturellement). Sur un DRM, il n’y a pas d’accident anodin. Si les conséquences physiques ne sont pas toujours graves, fort heureusement, il est rare qu’il n’y en ait pas. Par conséquent, il nous faut être deux fois plus attentifs à ce qui nous entoure.

Cette fragilité spécifique se retrouve malheureusement dans les chiffres. Les usagers de DRM, minoritaires dans la population sont proportionnellement plus nombreux à se blesser ou à mourir.

Une spécificité qui en aveugle plus d’un, à commencer par la Direction de la Sécurité et de la Circulation Routière (DSCR) dont la conclusion est que nous mourons parce que nous le cherchons. On en revient au début de cet article.

Une conclusion facile qui n’est pas non plus sans conséquence dans l’attribution des responsabilités lorsque l’enquête est bouclée. Combien de fois avons-nous entendu le représentant des forces de l’ordre, à peine arrivé sur les lieux de l’accident et sans même avoir commencé ses investigations, proférer : "Ah, ces motards ! Toujours trop vite ! Toujours casse-cou !". Une prédisposition qui complique singulièrement les choses lorsque le motard n’est pas en état de se défendre.

Raison pour laquelle, sans doute, on constate que lorsqu’il est mort, il devient subitement responsable de 49 % des accidents avec une automobile alors que le conducteur de cette dernière ne l’est plus que dans 40 % des cas.

Autant le dire tout de suite : Nous ne croyons pas à une justice immanente (ou divine, selon ce qu’on voudra). Si des militants de la FFMC, inspecteurs départementaux de la sécurité routière (IDSR), n’avaient pas été présents lors de nombreuses enquêtes consécutives à des accidents fatals à des motards, ceux-ci se seraient vus imputer des responsabilités qu’ils n’avaient pas. Ce qui nous fait d’autant plus amèrement regretter que le gouvernement ait réduit les IDSR au rôle de simples intervenants, les écartant des enquêtes au profit d’agents de l’Etat.

Alors, de grâce, faites tout ce qu’il faut pour n’avoir jamais d’accident !

Et si jamais, vous ne pouvez pas l’éviter, faites en sorte de rester en vie car, sinon, vous aurez irrémédiablement tort !