lundi 28 mars 2005

Feux de Jour : Le gouvernement n’y voit pas clair !

Feux de jour

Alors que la recommandation gouvernementale devait prendre fin ce week-end de Pâques, la Sécurité Routière annonce sa prolongation jusqu’à l’automne prochain.

Il est vrai qu’après quelques annonces triomphales destinées à éblouir un public qu’on aurait voulu ébahi par tant d’ingéniosité, force est de constater que nos concitoyens ne sont guère convaincus par l’utilité de rouler par grand beau temps avec les feux allumés.

C’est que, si les Français comprennent fort bien les enjeux humains de la sécurité routière, ils ne semblent pas disposés à accepter tout et n’importe quoi en la matière.

Sans doute entrevoient-ils également à qui ce genre de mesurette peut le plus profiter. Sauvegarder des vies humaines ? Voire ! Peut-être un peu mais lesquelles ? Celles de piétons ? De cyclistes ? De motocyclistes ? Douteux car ceux-là auraient plus à craindre pour les leurs ! Alors quoi ?

Malgré leur discrétion, les constructeurs automobiles poussent à la roue du côté de Bruxelles pour que cette norme devienne européenne et, plus haut encore, internationale. Il est compréhensible qu’ils fassent également pression sur les dirigeants français au nom de la sauvegarde de l’emploi qu’une telle harmonisation garantirait à coup sûr, nul n’en doute. Car supprimer des équipements devenus inutiles (le commodo des feux) et en introduire de nouveaux (les feux dédiés - ces super feux de position), c’est des petits ruisseaux d’euros qui feront vite un grand fleuve de profits.

A leurs côtés, les groupes pétroliers se lâchent les babines devant l’accroissement prévisible de la consommation de carburant car 1 à 2 %, c’est toujours bon à prendre même quand le prix du barril de pétrole flambe.

Quant à notre bienveillant gouvernement, sa "croisade pour la vie" n’est pas exempte d’arrière-pensées bassement matérielles. On ne peut pas baisser les impôts, histoire de se faire bien voir (oui, bon !) sans trouver d’autres ressources afin de ne pas aggraver le déficit budgétaire. D’où, un premier pari sur l’indiscipline "légendaire" des Français, taxée comme il se doit par les radars de toutes sortes et cet autre sur leur "nouvelle" discipline citoyenne, avec nos fameux "Feux de Jour" qui rapporteraient, bon an, mal an, quelques 650 millions d’Euros de taxes supplémentaires (TVA et TIPP).

Donc, après un tonitruant 51,9 % en décembre, les Français n’auraient plus été que 34,5 % en janvier à allumer leurs feux de croisement en journée, de source officielle. Et plus les beaux jours se font nombreux, moins les adeptes de la mesure le sont.

En effet, la FFMC, quant à elle, a procédé à de nombreux comptages sur les route de France. Notre soucis était, on s’en doute, d’apporter à messieurs de Robien et Heitz, des éléments fiables pour illustrer leur fiasco, ce que leur optimisme forcé joint au manque de fiabilité de leurs propres sources ne leur permettait pas, les rendant, pour ainsi dire, aveugles.

Validés par concours d’huissiers, nos comptages révèlent un désespérant 24,4 % en novembre quand le gouvernement se réjouissait déjà d’avoir convaincu 44 % d’automobilistes, 14,9 % en décembre contre 51,9 %, 14,6 % en janvier contre 29,4 %, 11 % en février et 8 % en mars contre... silence radio ! Comme quoi, la vigilance était de mise !

Ajoutons que par chez nous, dans le Sud, les adeptes de la mesure doivent se sentir bien seuls sur les routes ou bien ce sont des originaux en mal de reconnaissance. En effet, si le taux d’allumage dépasse 5 %, c’est qu’il fait vraiment mauvais temps ! Ni plus ni moins que ce qu’impose le Code de la Route, en somme.

Le gouvernement se donne donc jusqu’au 31 octobre pour faire le point. Le temps, sans doute, de nous concocter une étude de derrière les fagots afin de présenter son expérimentation sous un jour plus glorieux.

A la FFMC, nous ne lui recommandons pas de rafistoler l’inénarrable étude LASSARRE de 2001 qui fut publiée à la suite de l’expérimentation des Landes (autre fiasco célèbre) car ses conclusions en étaient tellement ridicules qu’on en avait pitié pour ses auteurs.

Non ! Nous attendons du pur, du cristalin, en un mot : du sérieux.

Quelque chose qui permettra au gouvernement de renoncer à son initiative malheureuse dans la dignité, en reconnaissant le bon sens des Français et qui lui permette de se consacrer, enfin, à de véritables mesures pour renforcer durablement la sécurité routière (réforme de l’apprentissage de la conduite, allumage automatique des feux, amélioration des infrastructures et de leur entretien, campagnes pour la vue, campagnes pour le partage de la route, etc.).

Et, bien sûr, nous resterons vigilants jusqu’au bout. Il n’est pas question, en effet, de laisser nos amis de Robien et Heitz succomber à la tentation des amalgames !

Explication : Les beaux jours revenant, nos amis européens vont de nouveau nous rendre visite et, parmi eux, des ressortissants de pays où l’allumage des feux est une question de bon sens (pays nordiques, notamment) ou de manque d’imagination politique comme chez nous (Italie).

Malgré tout notre plaisir à les recevoir en notre beau pays, nous les exclurons des comptages que nous allons poursuivre et nous en profiterons même pour ouvrir les yeux de nos voisins italiens. Inutile de nous remercier, c’est par pure solidarité avec les motards italiens !

Car nous ne sommes pas dupes : C’est aussi sur cet appoint européen que le gouvernement table pour tenter un ultime baroud sur ses feux de jour agonisants.

Alors soyons bienveillants ! Aidons-le à les enterrer définitivement et dignement !

Continuons de dire NON AUX FEUX DE JOUR !