vendredi 29 décembre 2006

2007 : Aux urnes citoyens motards !

Evénements

2006 tire sa révérence. 2007 pointe le bout de son nez à peine rougi par un hiver qui, pour l’instant, n’a rien de sibérien et nous permet de rouler sans trop d’inconfort.

Rouler à moto : Voilà justement l’une des grandes questions de l’époque : Pour combien de temps encore et à quel prix ?

En terme de sécurité routière, 2007 s’annonce aussi comme une année cruciale pour cause d’élections. Hormis les graves questions auxquels nous répondrons en nous rendant aux urnes, chacun selon ses convictions et en son âme et conscience, quel(le) candidat(e) saura le mieux prendre en compte nos attentes légitimes et trancher enfin avec le discours simpliste et réducteur des pouvoirs publics actuels à notre égard ?

Certains parlent de rupture, d’autres de redonner la parole aux citoyens. Derrière les mots et le sens que leurs auteurs leur donnent réellement, et sans grande illusion sur les risques de démagogie électoraliste, on se prendrait presque à rêver, nous citoyens et motards, d’une politique à hauteur d’hommes qui cesserait de nous prendre pour des crétins.

2006 : Une année bien triste pour nous : Notre amie Nadia Lévèque, membre du Bureau National, nous a quittés. Comme le disait Brassens, son trou dans l’eau de ne se refermera jamais. Grand V à toi, la grande !

2006, une année pas folichonne

A peine les "feux de jour" enterrés par le gouvernement, croyait-on, les voilà qui reviennent via le Commissaire Européen aux Transports, le Français Jacques Barrot, pour qui rien n’est assez beau quand il s’agit de plaire au lobby des constructeurs automobiles. Si on ne comprend pas mieux ce que la sécurité des usagers les plus vulnérables a y gagner, on perçoit clairement les profits que les constructeurs en tireront et on sait désormais pour qui roule la Commission Européenne dans ce dossier.

On notera, non sans amertume, que lorsqu’il s’agit d’Europe, justement, les gouvernants de notre pays sont passés maîtres dans l’art de l’accommoder à leur petite cuisine. Et ce, quelle que soit leur couleur politique.

A preuve, notre bonne vieille "loi des 100 chevaux" qui fait de notre pays une exception quasi-culturelle. La moto, c’est dangereux et les motards ne sont pas des citoyens comme les autres. D’ailleurs, sont-ils vraiment des citoyens ? Bien que rien, jamais, ne soit venu corroborer les allégations du législateur lorsqu’il établit un lien entre puissance et accidentalité, la France persiste à maintenir une limitation aussi arbitraire que dogmatique pour la moto et seulement pour la moto. Comme toujours, pas question de déplaire au tout puissant lobby des constructeurs de caisses.

Et comme la quasi totalité des motos vendues ici est importée... Protectionnisme ? Allons donc ! Sécurité routière, voyons !

Pour bien enfoncer le clou, le choeur des vierges nous a pondu une loi (du 5 janvier 2006) pour punir lourdement tout professionnel qui vendrait une bécane non conforme à sa réception (dans le plus grand silence de leurs organisations représentatives, d’ailleurs). Sauf qu’il ne s’agit plus explicitement et seulement de puissance et que, de fil en aiguille, on en vient à s’attaquer pernicieusement aux particuliers. Nous voilà donc confortés dans notre image de délinquants systématiques !

Quant à nous expliquer pourquoi nous avons encore le droit de voter mais pas celui de choisir notre moto, comme n’importe quel automobiliste a celui de choisir sa voiture, on attend toujours. Pas facile, en effet, de trouver un argument qui tienne la route quand on est crispé sur une doctrine infondée et imbécile.

Mais l’Europe pourrait bien nous rendre justice cette fois. La FFMC s’y emploie.

Europe encore avec la 3ème directive sur le permis de conduire. Destinée à l’origine à unifier l’accès au précieux sésame, le texte s’est transformé en fourre-tout des crispations nationales. Là encore, les motards bénéficient d’un traitement de faveur.

L’accès direct au "gros cube" se fera désormais à 24 ans au lieu de 21. Auparavant, ce sera l’accès progressif à partir de 16 ans, avec une montée en puissance et en cylindrée au fil des ans, adaptée à l’acquisition de l’expérience. Démarche avec laquelle la FFMC était en accord et que la Mutuelle des Motards met en pratique en incitant les motards débutants à choisir leurs premières bécanes dans une gamme de moto adaptées à leur faible expérience et bénéficiant de tarifs d’assurance étudiés.

Sauf que maintenant, obtenir un permis moto "gros cube" en passant par l’accès progressif pourrait bien ressembler au parcours du combattant pour un jeune postulant avec l’instauration d’examens intermédiaires. Un peu comme si les instances européennes regrettaient d’avoir reconnu le bien fondé de cette bonne idée et multipliaient les obstacles à l’essor du deux-roues motorisé. Quant au gouvernement français, il prétend ne vouloir toucher à rien mais il nous a si souvent roulé dans la farine !

Et là encore pas question de se fâcher avec les constructeurs automobiles : Si les moyens tu as, à 18 ans, conduire une berline survitaminée, tu pourras. Mais pour le roadster 1000 cc de 90 ch, quand grand tu seras tu reviendras. Selon que vous serez caisseux ou motard... Faut avoir foi en l’action pacifique, parfois !

Heureusement, en ce qui concerne la Jeunesse, les motards de la FFMC savent s’invertir et mettre leur expérience au service de son engouement pour le cyclo. A preuve l’opération "des Tasses pour un Bol" menée par la FFMC 84 aux côtés de l’ADVSEA 84 et des Pupilles des Sapeurs Pompiers, sous l’égide de la FFMC-Loisirs et de la Mutuelle des Motards. Tous ne seront pas motards mais tous les connaîtront et les reconnaîtront ! C’est le partage de la route qui y gagne et la sécurité de tous.

Une expérience enrichissante qui a su convaincre également les parents des adolescents impliqués, un autre point positif, et pas des moindres, de bon augure pour 2007.

Rappelons également que l’action de la FFMC a permis de réparer une injustice (encore une) : Le dispositif du "permis à 1 € par jour" s’applique aussi au permis moto. Un(e) jeune a donc désormais le droit de ne pas "faire comme tout le monde" ! Bien entendu, nous ne nous exprimerons pas sur la portée réelle de ce dispositif censé faciliter l’accès au permis de conduire un véhicule à moteur. Reste, en effet, à savoir qui en bénéficie vraiment ?

Quant à l’équivalence "Permis B/125 cc", conditionnée bientôt à 3 heures de formation obligatoires censées permettre aux automobilistes d’acquérir un minimum de compétence dans la conduite d’un 2-roues motorisé, la FFMC reste sur sa faim. D’une part, nous aurions préféré une formule incitative et non pas obligatoire, estimant que nous sommes déjà suffisamment ponctionnés. Ensuite, il appartient à chacun de prendre ses responsabilités et la mesure de ses insuffisances. En général, la première grosse frayeur ne tarde pas pour le novice trop confiant et il peut s’avérer que 3 heures, ce soit insuffisant pour savoir conduire correctement son 125. Enfin, quid du contenu de cette formation ? Encore une fois, il est à craindre que le bruit du tiroir-caisse l’emporte sur la qualité.

Pour en finir avec le permis, la FFMC se félicite des quelques dispositions prises pour limiter l’effet désastreux et disproportionné de la politique ultra-répressive du gouvernement sur nos points. Mais on peut regretter que les barèmes soient toujours sans commune mesure avec les fautes commises. Au point que les principes mis en avant lors de la mise en place du permis à point sont aujourd’hui démentis par l’usage. Le permis à point est avant tout une arme répressive de plus.

Enfin, 2006 restera dans nos mémoires comme l’année où le Président de la République s’est ému du faible impact de sa politique de répression sur le nombre des victimes à moto. Jamais avare de toutes sortes d’amalgames, c’est, bien entendu, au motard lui-même qu’il faudrait imputer les raisons de sa mort. Doctrine connue. Dommage que ce bel exercice de style passe sous silence le fait qu’à moto il n’y a jamais d’accident anodin contrairement à l’automobile. Dommage aussi que cette volonté si évidente de trouver des boucs émissaires faciles nie avec une telle mauvaise foi le fait que l’immense majorité des motards et des utilisateurs de deux-roues motorisés, dont le nombre est en augmentation constante et importante, sont des gens raisonnables et prudents soucieux de leur vie comme de celle des autres. Citoyens de seconde zone, les motards ?

Mais nos grands "spécialistes" de la sécurité routière évitent soigneusement d’expliquer pourquoi, alors que le nombre des tués sur les routes dinimue, celui des blessés, graves notamment, augmente. L’arme absolue, le radar, ne serait-il pas aussi efficace qu’il est de bon ton de le dire ? Et la vitesse, mère de tous les maux, le fauteur d’accident que l’on se plait à nous marteler ?

2007 : Quel avenir pour la moto ?

Ce ne sera certainement pas la question centrale des prochaines élections présidentielles et législatives. Mais l’Environnement plus probablement, si on passe outre la désagréable impression de foire aux bestiaux que nous offre l’espèce de "reality show" environnementaliste hyper médiatique de ce début de campagne. Chacun jugera. Et, comme toujours, quitte à passer pour des paranoïaques névrosés, on peut s’attendre à ce que le réchauffement planétaire soit, en tout ou partie, imputé à nos véhicules préférés grâce à des études bien savantes.

La disparition du lac Tchad, des neiges du Kilimandjaro, des glaciers, de la banquise et de l’ours blanc, ça risque de faire beaucoup pour nos bécanes ! Heureusement (si l’on peut dire), pour les baleines, il y a les Japonais...

Cependant, au delà de la boutade, il nous appartient de nous poser une question dont nous ne pouvons plus faire l’économie : Quel impact nos choix ont-ils sur notre environnement et, plus particulièrement, nos choix de véhicules ? Ceux-ci ne peuvent plus s’exercer uniquement en terme de confort, de performances ou de rapport qualité/prix mais doivent aussi tenir compte des rejets polluants. Et la question corollaire est aussi de savoir si nous pouvons nous contenter de la réponse des constructeurs qui arguent souvent (et à juste raison) de la conformité des nouvelles motos aux dernières normes européennes sans pour autant les anticiper. Un peu comme si, en définitive, ils s’en remettaient à la clairvoyance des instances politiques. Or, en matière de promotion de la moto, et du deux-roues motorisé en général, il y a des attitudes bien plus dynamiques et prudentes à adopter car on sait ce qu’il en est (voir plus haut) !

Si l’on ajoute à cette problématique celle de la raréfaction des énergies fossiles, on peut nourrir quelques inquiétudes. Pour l’instant, en effet, force est de constater que la moto reste étrangement absente des présentations de nouvelles technologies de motorisation ou de transformation d’énergie. La voiture tient, comme toujours, le haut du pavé, donnant aux constructeurs automobiles l’occasion de laver plus blanc que blanc tandis que les constructeurs de deux-roues motorisés semblent faire preuve d’une grande frilosité. Certes, les marchés ne sont pas comparables. Quand même ! On sait bien que ni la voiture ni les transports en commun ne peuvent répondre, à eux seuls, aux problèmes de déplacement. Le deux-roues motorisé a donc une belle carte à jouer.

Nos concitoyens ne s’y trompent d’ailleurs pas qui sont de plus en plus nombreux à adopter scooters et motos, légers ou lourds. Quelle politique de déplacement prendra donc enfin en compte les spécificités de ces véhicules et leur donnera leur juste place en ville comme sur route ?

Cet engouement, le plus souvent basé sur le bon sens, doit être accompagné pour assurer une cohabitation harmonieuse et sécuritaire de tous les usagers. Nous refusons que l’aveuglement de nos élus soit le prétexte, une fois de plus, à la recherche de boucs émissaires (que l’on connaît d’avance) pour justifier encore et toujours plus d’interdictions et de répression, contre toute raison. Or, l’impact des deux-roues motorisés sur l’environnement pèsera dans la balance. A nous de veiller au grain.

La moto (le deux-roue motorisé) n’est plus seulement un véhicule-passion. C’est aussi un véhicule utilitaire. En cela, les mentalités changent en même temps que le regard porté par ses utilisateurs multiples sur ce mode de déplacement. Il faut, de toute évidence, que le regard de nos responsables politiques change aussi. Car dans le même temps, l’appréciation de nos concitoyens, non adeptes du deux-roues motorisé, évolue lui-aussi favorablement. Plus la moto est populaire, plus l’image des motards est bonne. CQFD. Il n’y a plus guère qu’à la Sécurité Routière qu’on voit des blousons noirs partout !

Encore faut-il que nous persistions dans la voie tracée depuis plus de 25 ans par la FFMC. Pour faire évoluer le code de la route vers la reconnaissance de pratiques raisonnées (remontée de files, par exemple), pour être mieux compris des autres usagers et, au final, mieux acceptés par eux, nous devons chaque jour démontrer notre responsabilité et notre courtoisie, à nos guidons.

C’est cela le partage de la route et c’est par là que passent aussi l’avenir de la moto et de notre droit à choisir librement nos moyens de locomotion.

Et ces combats-là ne seront remportés qu’avec une FFMC forte, l’histoire le prouve. Quelles que soient ses motivations à rouler sur un deux-roues motorisé, quels que soient son âge et son sexe, chacun de nous a sa place à la FFMC pour y défendre sa liberté de déplacement. A l’heure des étrennes, adhérer ou ré-adhérer est un cadeau utile que nous nous offrons à nous-mêmes finalement.

Pensez-y !

Les membres de la FFMC 84 et son Conseil d’Administration vous souhaitent à toutes et à tous une belle et heureuse année 2007.

A l’an que ven !