lundi 12 mars 2018

80 km/h : quand les extrémistes de la répression perdent leur sang-froid

Répression Environnement Pompes à fric Motards citoyens 80 km/h Sécurité rentière

Dans une tribune parue le 10 mars 2018 sur le site du journal Libération, l’inénarrable Claude Got, ci-devant professeur de médecine et expert en accidentologie (selon sa nomenclature), n’y va pas avec le dos de la cuillère pour tenter de tailler en pièces les opposants à l’abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les « routes départementales à deux voies sans séparateur central. »

L’homme n’est certes pas un perdreau de l’année et, à la longue, on a fini par savoir ce dont il est capable pour vendre sa soupe. A vrai dire, il n’y a pas grand chose qui distingue son verbiage de celui des quelques aficionados de Chantal Perrichon et sa fameuse ligue et de leurs habituels excès langagiers. C’en est même affligeant tant on peut prédire à la virgule près, ce que seront leurs éructations face aux micros et caméras des grands médias avides de leurs anathèmes. Ces gens-là se permettent toutes les outrances, parfois à la limite de la diffamation, souvent dans le mépris de ceux qui ne partagent pas leur vision des choses. Toujours dans la suffisance.

Cette fois encore, le professeur Got ne faillit pas à la ligne qu’il s’est donnée et il y va fort : on comprend au terme de sa tribune que les opposants aux 80 km/h, dont nous sommes, sont rien moins que des assassins. Et doublement, encore !

En effet, non contents d’être des « accros de la vitesse » (sic), nous ne souhaiterions pas « réduire la mortalité là où elle est la plus élevée » (re-sic). On comprend aussi que nous serions des pollueurs invétérés et pour finir d’affreux mauvais patriotes insoucieux des intérêts du pays. Pardi, bientôt le retour de l’anti-France ! Un peu comme cet autre, député celui-là, qui disait récemment à un de nos amis venu le chatouiller sur ce même sujet, que s’il n’était pas content de notre pays, il n’avait qu’à partir... Ça fait beaucoup pour un débat, non ?

Le Pr Got fait de notre opposition une affaire d’hommes. Comprenez de machos qui se la pètent sur les routes à faire ronfler leurs mécaniques en se la jouant pilotes de rallyes. C’est qu’il en a de l’imagination, notre ami Got ! Alors, tout benoîtement, le voilà-t’y pas qui se fait chantre du féminisme pour en appeler à un sursaut des femmes afin de ramener leurs vilains mecs hyper-testostéronés à la raison ? Chaud ! Il se voudrait féministe en diable et n’est finalement qu’un piteux colporteur de clichés sexistes : la femme, cette protectrice innée de la vie et sa vocation naturelle de mère. Plus éculé que ça, on voit pas.
Bien entendu, tout cela serait risible si cet assaut d’arguments indigents n’avait d’autre but que de caricaturer celles (eh oui, il y a même beaucoup de femmes parmi nous !) et ceux qui refusent et critiquent cette décision.

« Accrocs de la vitesse ? » C’est clair ! Quelle bouffée d’adrénaline quand l’aiguille du cinémomètre atteint ce nombre merveilleux : 90 km/h ! Et il voudrait nous priver de cette ivresse, ce sagouin ? Soyons sérieux !

Le Pr Got nous assène du haut de sa suffisance que les routes les plus dangereuses et les plus mortifères sont celles où le trafic est le plus dense. Bon alors, on lui dit à ce grand savant que même nous autres, simples péquins mal éduqués et mal embouchés, nous nous en étions rendus compte et qu’on se doutait assez fortement que ça craignait d’enfer dans ces endroits-là ? D’ailleurs, il nous dit : « [Les accros de la vitesse] n’ont pas compris que ce sont sur ces belles routes qu’il y a le plus grand nombre de morts par kilomètre de voie car le trafic peut être 100 fois plus élevé que sur les petites routes, qui ne sont que deux ou trois fois plus dangereuses au kilomètre parcouru. »

Mais alors cette question : puisqu’il s’agit de diminuer la mortalité sur les tronçons rendus les plus dangereux en raison de l’accroissement constaté du trafic, pourquoi ne pas y réguler la vitesse autorisée en fonction de ce dernier ? Sans compter que sur beaucoup de ces « belles routes droites », selon notre expert, le trafic est devenu tel qu’on se prend souvent à rêver au temps bienheureux où on pouvait y rouler peinards sans s’arrêter tous les trois mètres ! Alors rouler à 80 km/h y est comme une promesse électorale : peu de chance d’être tenue...

Cela étant, ce que nous contestons au premier chef, c’est la généralisation de cette limite à tous les tronçons du réseau secondaire, saturés ou non. Or, on a beau être des crétins rétifs à toute forme de raison, on a bien compris tout de même qu’avec la baisse régulière de la vitesse moyenne sur le réseau secondaire, il fallait donner un petit coup de pouce aux revenus de la répression générés par l’impressionnante panoplie de radars en tous genres dont nos chers édiles ont eu le bon goût de truffer chaque hectomètre de route départementale. Et, même qu’on se dit aussi que, puisqu’il est quasiment impossible de rouler aux vitesses autorisées sur certains tronçons au trafic dense, il y a très fortes chances pour qu’on retrouve les tirelires-boites à images sur les tronçons où justement il est plus facile de rouler et où on aura le plus de risques de succomber à un petit moment d’inattention... « cinémométrique. » Et flash ! 2 points ! Cling !

Autre chose encore : tout à sa vieille obsession de la vitesse, le Pr Got oublie, quant à lui, que dans les zones qu’il prend en exemple, l’accidentalité, et par suite la mortalité, est aussi, et quand même surtout, due à des comportements hasardeux et inadaptés. Abaisser la vitesse à 80 km/h sur tout le réseau, à supposer que, comme il le sous-entend, ce soit une mesure nécessaire, ne changera sans doute pas grand chose pour les énervés du volant, les handicapés du rétroviseur et du clignotant ou les accrocs du téléphone qui, sur ces tronçons en particulier, génèrent le plus de risques. Et surtout, qu’on ne vienne pas nous dire que c’est essentiellement une affaire d’hommes !

D’autre part, notre éminence ne dit rien de certaines causes de l’augmentation du trafic. Sans doute cela le conduirait-il à se brouiller avec les hautes autorités qui le font vivre depuis si longtemps. Pourtant, il pourrait se désoler de la destruction planifiée, comme c’est le cas en PACA, des lignes TER et des petites lignes ferroviaires secondaires au profit d’un transport par autocars qui est loin d’offrir les mêmes avantages et pousse les usagers à reprendre leur véhicule personnel pour se rapprocher de leur lieu de travail. Dans le même registre, ne devrait pas lui avoir échappé l’incroyable augmentation du transport routier de marchandises depuis plus de 20 ans qui s’est faite au détriment du transport ferroviaire, encore une fois, au point qu’en certains endroits et à certaines heures, les routes ne sont plus qu’une longue théorie de super poids-lourds roulant à la queue-leu-leu comme des chenilles processionnaires. On a beau nous expliquer que « si on a tel produit sur notre table, c’est qu’un camion l’a transporté, » il n’est vraiment pas certain qu’on serait moins enthousiasmés de cette prouesse si elle avait été l’œuvre de la SNCF dans de plus grandes proportions ! On pourra donc reparler des objectifs de la COP21 et de l’augmentation des importations de carburants fossiles...

En attendant, la FFMC ne lâchera pas le morceau !

Pour commencer, la FFMC 84 appelle les usagers vauclusiens à rejoindre en moto, en scooter, en tricycle, en voiture particulière, en camionnette, etc. la grande manifestation du 17 mars organisée par nos amis de la FFMC 26/07.

Et nous vous donnons rendez-vous le 14 avril à Avignon pour manifester votre ras-le-bol des fausses solutions destinées à rentabiliser la répression imbécile. Restez à l’écoute, nous vous en dirons plus incessamment.