samedi 21 juin 2008

Glissières de sécurité : Cent fois sur le métier...

La FFMC en action

Sécurité routière

Dans notre société, l’individualisme est parfois érigé en dogme. Au point que certains font mine de croire, et parfois professent, que l’action collective ne servirait à rien, voire qu’elle serait ringarde ou archaïque. Quand elle n’est pas dénigrée car maculée de l’insupportable soupçon d’embrigadement partisan. La résignation et l’égocentrisme sont tellement plus efficaces !

Nous l’avons vu, l’an passé, lorsque notre Fédération, étranglée par des problèmes financiers, a lancé son appel à la solidarité. Si des milliers de motards de tout poil, mais aussi des scootards et bien d’autres, y ont répondu d’un même élan, certains ne se sont pas privés de déverser un flot d’invectives anti-FFMC sur certains forums.

C’est leur droit. La FFMC ne pourra jamais plaire à tout le monde.

Il est clair aussi que, plutôt que de prendre son courage à deux mains et d’entrer dans l’action, il est autrement plus facile de critiquer ceux qui agissent vraiment au jour le jour, ou de leur prodiguer mille conseils forcément pertinents, quand on est confortablement installé devant un clavier d’ordinateur, courageusement protégé par l’anonymat de son pseudo.

Laissons-les à leur glorieuse incertitude.

Pour les autres, c’est à dire ceux qui soutiennent la FFMC, sans en être forcément de béats supporteurs, il ne sera pas indifférent de savoir que ses actions portent leurs fruits.

Certes, ce travail n’est pas forcément spectaculaire. Nos manifs y ont contribué mais pas seulement. Certes, il faut parfois être patient même quand on brûle de convaincre. Mais les progrès obtenus sont souvent à ce prix. Preuve qu’il ne faut jamais renoncer.

Depuis l’aube des temps (ou à peu près, c’était il y a près de 30 ans), la FFMC a fait son cheval de bataille du doublement des glissières dites de "sécurité". Qu’y a-t-il de plus concret, en effet, pour un conducteur de 2-roues motorisé (2RM) que ces tristement célèbres guillotines dont le but annoncé est de préserver des vies mais dont la conception inadaptée aux 2RM a envoyé ad patrès quelques milliers de motards malchanceux ?

Les militants FFMC n’ont jamais cru à la fatalité. Si ces glissières pouvaient sauver la vie d’automobilistes en perdition, elles devaient aussi sauver celles des motards et non pas les hacher menu. Combien de palabres surréalistes a-t-il fallu pour ne plus entendre la fameuse objection : "Oui mais vous les motards... Trop vite... Pas assez prudents... Comportements" ?... Comme si l’automobiliste qui vient encastrer sa jolie voiture dans ces rails n’était toujours victime que de quelques facéties divines. Donc digne de rester en vie. Tandis qu’un motard, c’est un peu le diable, non ?

A force de harceler les pouvoirs publics français, les militants FFMC ont obtenu la mises en place de politiques curatives pour le doublement des rails déjà installés. On en aperçoit quelques fois les résultats sur certaines de nos routes. Quelques kilomètres chaque année, au gré des budgets des ex-DDE [1]. Parfois, ce sont les nouveaux équipements qui ont été conçus de la sorte. Un luxe. Mais il arrive malheureusement que des glissières inadaptées aux 2RM soient encore posées. Manque d’argent, nous dit-on. Parce que la vie d’un motard n’a pas la même valeur que celle d’un automobiliste ? Allez savoir.

Il arrive que les résultats soient plus probants depuis que les départements ont pris leurs routes en main. Peut-être parce que ce sont eux, et non plus l’état, qui décident de leurs budgets. Peut-être parce que, localement, il est plus facile de convaincre un élu qu’un fonctionnaire qui, même s’il partage votre avis, est tributaire des limites imposées par son ministère de tutelle.

Ces problèmes, tous les motards européens (voire même du monde) y ont été confrontés, bien entendu. Il est d’ailleurs frappant de constater à quel point ce sujet est un des plus importants parmi ceux qui sont traités par la FEMA (Fédération Européenne des Associations de Motocyclistes), dont la FFMC est partie prenante.

C’est pourquoi, il faut saluer comme une victoire décisive la mise en place d’une norme pour les glissières de sécurité, ainsi que l’annonce la Fédération dans son communiqué du 17 juin dernier :

A Milan, vendredi dernier (13 juin 2008, ndr), les membres du comité technique du CEN (comité européen de normalisation) sur les équipements de la route (TC 226) ont adopté la résolution 319 instituant un nouvel objectif dans leur programme de travail afin de “développer une norme européenne qui réduise la sévérité des collisions d’un motocycliste avec une glissière de sécurité, en prenant en compte les normes nationales existantes et les possibilités des technologies disponibles".

Concrètement, un nouveau chapitre (le 8eme) va être ajouté à la norme européenne existante EN 1317. Il contiendra des "provisions pour l’évaluation de la performance des glissières de sécurité soumises à un impact par un motocycliste glissant sur le sol".

La FFMC avait fait de la révision de cette norme européenne un objectif prioritaire depuis plus 10 ans.
Si la France a commencé a installer des glissières doublées dans certains virages, bientôt suivi par l’Espagne ou le Portugal, l’élaboration d’une norme européenne dont les motards étaient jusqu’ici les grands oubliés, est un pas en avant significatif, et est l’aboutissement d’années de combat pour la reconnaissance du problème.

Communiqué du 17 juin 2008 - Glissières de sécurité

Oui, il s’agit bien d’une victoire pour les conducteurs européens de 2RM à laquelle la FFMC a apporté une contribution majeure.

Mais, bien sûr, il faudra encore de la ténacité dans l’action quotidienne car cette norme ne s’appliquera que, au plus tôt, à partir de 2010 pour les équipements neufs. Or, il reste encore beaucoup de kilomètres de glissières-guillotines à équiper.

Autre signe de changement prometteur, la récente conférence de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), consacrée à la sécurité à moto, qui s’est tenue à Lillehammer, en Norvège, les 10 et 11 juin derniers.

Là encore, la FFMC était présente, aux côtés des autres organisations européennes de motards et de la FEMA, pour apporter le point de vue des motards français.

A l’issue du séminaire, Hans Petter Strifeld, président de la FEMA, a fait la déclaration suivante :

Les conclusions du récent séminaire de l’OCDE sur la sécurité des motards pourraient constituer une avancée majeure, selon Hans Petter Strifeld, président de la FEMA.

Le séminaire de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) consacré à la sécurité à moto, qui s’est tenu à Lillehammer, les 10 et 11 juin, s’est achevé sur une note positive. La principale conclusion tirée de ces deux journées de travail concerne l’importance de la formation initiale pour la prévention des accidents de la route et la nécessité de voir celle-ci développée. Rien de nouveau pour les motards qui ont démontré, notamment à travers le récent programme "Formation initiale du conducteur", l’attachement qu’ils portent à un enseignement de qualité, d’autant plus s’il intègre la sensibilisation d’autres conducteurs comme les automobilistes.

Lors de l’ouverture de la conférence, le ministre norvégien des transports, Mme Liv Signe Navarsete, a clairement signifié que Vision zéro - et son objectif de réduction totale des tués ou blessés sur la route - n’était pas en contradiction avec la pratique de la moto. Dans ses conclusions, M. Lasse Lager, du ministère norvégien des transports a rappelé que "dix ans (après) son lancement, Vision zéro intègre désormais la prévention des accidents et la diminution du risque de blessures, ces deux actions pouvant améliorer de manière équivalente la sécurité des usagers de la route".

“Ces prises de position mettent un terme aux propos de nos détracteurs : il n’existe aucune contradiction entre la conduite d’une moto et son intégration aux plans de circulation routière" commente le président de la FEMA.

La présence des motards lors de cet atelier illustre un principe fondamental : ils doivent être associés aux débats les concernant.

"Cela sonne comme une évidence, mais nombre de pays ne suivent même pas ce principe de bon sens. Associer les motards à toutes les étapes de réflexion est si inhabituel que le secrétaire général de l’OCDE, M. Jack Short l’a qualifié de "nouveauté". Les motards ne peuvent qu’applaudir" se félicite Hans Petter Strifeld.

Au final, le colloque annonce peut-être une nouvelle époque, laquelle verrait la sécurité des motards prise en compte, et selon leur point de vue.

"Si les recommandations de cet atelier sont suivies d’effets, cela constituerait un gigantesque bond en avant pour nous motards. L’expertise des motards quant à leur propre sécurité a finalement été reconnue" conclut HP Strifeld.

Là aussi, il faudra beaucoup de ténacité aux militants FFMC pour imposer la mise en oeuvre concrète de ce principe, désormais reconnu au niveau international, dans les politiques nationale et locales de notre pays. Mais force est de constater que les mentalités évoluent et que le point de vue que nous défendons depuis près de trente années est, on ne peut plus, pertinent.

Ces avancées incontestables trouveront demain leur concrétisation sur nos routes, sur nos véhicules (motos, scooteurs, cyclos, etc.), sur nos équipements. Elles sont le résultat du travail obstiné de ces milliers de militants FFMC qui se sont succédés et qui ont pris un jour leur destinée en main pour ne pas avoir à râler seuls dans leur coin. C’est le résultat de leurs réflexions, des idées qu’ils ont jetées sur une table, un soir de réunion, ou dans la grande marmite des commissions de travail des Assises du Mouvement FFMC. C’est le résultat de leur pugnacité.

Et chose incroyable, ils ne l’ont pas fait pour eux-mêmes, pour leur intérêt personnel, mais pour l’ensemble des motards et autres conducteurs de 2RM, qu’ils partagent ou pas leurs convictions. Sans aucun doute l’ont-ils fait aussi pour ces pseudos "représentants" des motards, qui hurlent comme des damnés dans le silence assourdissant de la Toile ou qui, dans quelque simili-club, paravent de compagnie d’assurance, s’empresseront de s’en approprier les bénéfices pour mieux jouer les bénis oui-oui auprès de l’état.

Mais finalement, c’est surtout à ceux qui ont manifesté leur solidarité avec la FFMC qu’ils donnent raison. Par leur soutien, par leur contribution financière, ceux-là, qu’ils soient motards à moto ou à scooter, en gros cube ou en 125 cc, ont fait le meilleur des placements pour la défense de LEURS intérêts.

La patience, l’obstination, l’indépendance et la fidélité à ses valeurs paient.

Alors, vous aussi, soutenez la FFMC. Adhérez ou faites un don. Car c’est vraiment votre intérêt. Rendez-vous ici.


[1Directions Départementales de l’Equipement

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