dimanche 10 juin 2007

L’imposture des radars automatiques

Répression

En souhaitant, "à titre personnel", le 22 mai dernier, le retrait des panneaux annonçant les emplacements des radars automatiques fixes, notre tout nouveau secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, confirme, si besoin en était, que la radarmania, malgré ses recettes conséquentes, ne rapporte encore pas assez.

C’est que c’est bien gentil de promettre la réduction des impôts et taxes tous azimuts mais faut quand même trouver du pognon pour faire bouillir la marmitte !

Au demeurant, monsieur Bussereau se place dans une continuité qui ne nous étonne malheureusement plus : Les Français, dés lors qu’ils ont un volant ou un guidon entre les mains, sont de grands enfants qu’il faut sermonner en permanence. Autrement dit, nous sommes des irresponsables et de bonnes vaches à lait.

Fût un temps où, pour justifier la mise en place des radars automatiques au nom de la lutte contre la mortalité routière, on nous a dit qu’ils seraient installés là où c’est dangereux. Certains se sont alors empressés d’aller trouver leur Préfet préféré pour lui signaler des erreurs d’emplacement (pardi) et lui octroyer bénévolement de bons conseils sur les points où, selon eux, il serait le plus judicieux d’en installer. On ne peut qu’être émus par tant de naïveté.

Mais les Français sont des veaux, c’est bien connu et c’est même notre vénérable feu Mon Général (De Gaulle, pour les trop jeunes) qui nous l’a suriné dans les trompes d’Eustache.

Car figurez-vous que ces bovidés ralentissent, voire pire, freinent, dés qu’ils aperçoivent le fameux panneau fatidique. Paraît que c’est dangereux ! Rendez-vous compte !

D’ailleurs, France 2 et quelques autres chaînes qui ne savent plus quoi produire pour se démarquer du discours gouvernemental, se sont fendues le soir même d’un reportage prétendument édifiant illustrant cet inquiétant travers. Evidemment, nos fins limiers du journalisme d’investigation ne se sont pas posés la question de savoir ce que ça donnera quand ce ne seront plus les panneaux mais les radars eux-mêmes qui entreront dans le champ de vision du conducteur. C’est pas vraiment l’imagination qui est au pouvoir ni là ni à la Sécurité Routière. Ca se saurait, depuis le temps.

Ainsi, personne ne semble donc s’offusquer de ce que des emplacements désignés comme dangereux, puisqu’on y installe des radars (CQFD), se transforment en guetapens ! Curieuse conception de la sécurité, en effet ! Ce qui tend à confirmer l’idée, toute subversive, que ce qui est dangereux, ce ne sont pas nécessairement les emplacements en question mais leur prise en compte par les usagers de la route et, ce, pour les caisses de l’Etat.

Il est vrai que la règle, c’est la règle et vice-versa ! Selon la doctrine officielle, le respect de la règle serait même notre meilleur protection contre le risque routier. Nous invitons ceux qui y croient encore à aller l’expliquer avec précaution à notre copain Cédric qui s’est récemment retrouvé encastré dans une voiture qui a démarré sous son nez, alors que plus respectueux que lui des règles de circulation... tu meurs !

Restera donc plus qu’à s’offrir des GPS et autres alertes-radars pour ne pas avoir à choisir entre scruter son compteur de vitesse et regarder la route (ce qui aujourd’hui semble être devenu très secondaire).

Mais pour combien de temps encore ? Car à force de vouloir notre bonheur à tout prix et, pour cela, nous surveiller en permanence et à notre insu, nos édiles et leurs hommes-liges instillent les conditions d’une société orwellienne dans laquelle le principe de culpabilité préalable se substitue peu à peu à la présomption d’innocence. Pour cela la technologie vient à leur secours, en se miniaturisant au profit d’une furtivité imparable.

Plutôt que de se demander si la politique du tout répressif n’aurait pas atteint ses limites, nos maîtres à penser s’enferrent toujours un peu plus dans une escalade qui n’a certainement rien d’innocent : Le contrôle permanent de nos vies est la garantie de notre docilité.

Et quand nous parlons d’éducation populaire et citoyenne, ce n’est à coup sûr pas à celle-là que nous pensons.

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